En 2016, la loi pour une République numérique introduit le principe d’ouverture des données publiques par défaut, obligeant les administrations à ouvrir automatiquement leurs données dès lors que celles-ci ne comportent pas d’informations sensibles. Cette politique ambitieuse porte la France en tête des classements internationaux de l’open data. Pourtant, l’ouverture des données publiques est encore loin d’être une réalité ancrée dans les pratiques des administrations. Comment est-ce possible ? Si l’expression « par défaut » semble suggérer que les données publiques préexistent à leur ouverture sous une forme directement publiable, comme un pétrole brut prêt à être extrait, leur publication est tout sauf une simple formalité. Coûts d’identification, de structuration et de formatage, mobilisation des agents, culture du secret, incertitudes juridiques, etc. : les difficultés sont nombreuses et c’est parce qu’on les sous-estime que la loi ne peut être pleinement appliquée. Il faudra avant tout convaincre les administrations de publier leurs données. Aujourd’hui, on agite surtout le potentiel de création de valeur des données ouvertes. Mais ce potentiel nous semble trop incertain et trop lointain pour mobiliser les administrations dans la durée. Pour redonner du sens à l’ouverture des données, il faut assumer de ne pas poursuivre une logique économique et de porter la transparence comme objectif premier de l’ouverture des données publiques. Enfin, le volume considérable de données rend nécessaire une ouverture ciblée. Servir l’objectif de transparence implique de ne pas laisser le choix des données à ouvrir aux seules administrations. Nous sommes convaincus que la solution réside dans le renforcement du droit d’accès aux documents administratifs - qui n’est pas garanti aujourd’hui - et la publication des données ayant fait l'objet d’une demande des citoyens.