La profession de chercheur·se à l’épreuve de la valorisation : aménagements au contact de nouveaux mondes sociaux - Mines Paris Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2023

The researcher's profession put to the test of valorisation: adaptations in contact with new social worlds

La profession de chercheur·se à l’épreuve de la valorisation : aménagements au contact de nouveaux mondes sociaux

Résumé

Si la valorisation est une mission officielle de la recherche publique depuis 1982, il a fallu encore une dizaine d’années, avec la création d’institutions, de services dédiés et de statuts spécifiques pour introduire ces activités dans le métier de chercheur. Alors qu’une indépendance des chercheur·ses s’était construite dans la seconde moitié du XXème siècle pour se recentrer sur les tâches de recherche et d’enseignement, notamment en démarcation des personnels de R&D (Gaudillière, 2015), le XXIème siècle appelle pour la réouverture des chercheur·ses aux collectivités et entreprises, en parallèle d’un alourdissement progressif des tâches administratives (Musselin & Becquet, 2008). Cette communication, qui s’inscrit dans l’axe 2 de l’appel à communications, visera à déterminer sous quelles conditions la mise en pratique de cette nouvelle mission augmente la polyvalence des chercheur·ses. Elle précisera les nouvelles délimitations internes et externes et aménagements progressifs ce processus donne lieu. Je m’appuie sur les résultats d’une investigation, conduite dans le cadre de mon doctorat entre 2019 et 2021, au sein des services de partenariat et valorisation du CNRS ainsi que d’une sélection de projets. D’abord, j’examinerai les délimitations entre types d’activité et montrerai que les projets de valorisation reproduisent la division du travail des projets de recherche (Louvel, 2006). Elle distingue la production et travail des données pour les personnels techniciens et contractuels d’une part, l’analyse et coordination pour les chercheur·ses titulaires d’autre part. Le sale boulot (Hughes, 1996) reste donc associé à la paillasse ou au terrain, mais s’élargit dans la gestion de ce travail hors du laboratoire : les personnels techniciens et contractuels doivent assurer un travail d’intermédiation vis-à-vis du partenaire économique. Ensuite, je m’attarderai sur les délimitations entre profils de professionnels que l’incitation à la valorisation produit, c’est-à-dire ici entre les approches et les sujets des chercheur·ses. Elle amoindrit la frontière entre science appliquée et science fondamentale, mais entérine celle entre sujets émergents dans la communauté et sujets fléchés par l’institution. La valorisation contribue au mouvement de démultiplication des lignes thématiques produite par le financement sur projets (Barrier, 2011), afin de sécuriser suffisamment de financements et poursuivre son activité. Enfin, je restituerai les débats des personnels de recherche sur le sens attribué à leur activité à travers la valorisation, qui parfois visent des transformations plus larges du métier. La mise en œuvre de la valorisation fait émerger des conflits d’éthique professionnelle entre exploration sans obligation de résultats et caution scientifique ; ou encore entre production de connaissances pour le bien commun et conflits d’intérêts. Ces débats permettent une analyse en situation du recours par les académiques aux normes d’autonomie et de désintéressement pour faire profession (Merton, 1973).
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04333984 , version 1 (10-12-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04333984 , version 1

Citer

Victoria Brun. La profession de chercheur·se à l’épreuve de la valorisation : aménagements au contact de nouveaux mondes sociaux. 10ème congrès de l'association française de sociologie - Intersections, circulations, Association française de sociologie, Jul 2023, Lyon, France. ⟨hal-04333984⟩
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