Au fur et à mesure de leurs écrits co-signés, Andreas Scherer et Guido Palazzo ont avancé l’idée que les entreprises devenaient aujourd’hui des acteurs politiques de premier plan et que leur approche, dénommée « Political CSR » (PCSR) ou « RSE politique », rendait beaucoup mieux compte de ce rôle politique contemporain que d’autres approches : le courant dominant des travaux sur la RSE d’une part, le courant Corporate Political Activity (CPA) d’autre part. C’est cette idée, suivie de la revendication de supériorité de l’approche PCSR, que nous allons examiner. Pour cela, nous nous appuyons sur une sélection d’articles significatifs co-signés par ces deux auteurs sur la question de la RSE politique ou directement liés à cette question, de 2006 à 2018. Nous procédons en trois temps. Tout d’abord, nous retraçons la pensée de Scherer & Palazzo (S&P dans la suite) et son évolution sur la « RSE politique » entre 2006 et 2018 (Partie 1). Ensuite, nous procédons à un examen critique de la robustesse des thèses avancées à chacune des quatre périodes distinguées (Partie 2). Enfin, nous essayons de comprendre d’où vient, dans leur raisonnement, ce qui nous semble être les limites de leurs propositions. Et nous essayons de dégager la logique qui sous-tend l’ensemble de leurs propos sur la RSE. La conclusion revient sur la prétention paradigmatique de l’approche PCSR.