La mise en place de pistes cyclables provisoires à Paris, dans le cadre du « déconfinement » de la population à l’issue de la première vague de la crise sanitaire, a été l’occasion de mettre en œuvre une expérimentation urbaine d’un genre particulier. Menée grandeur nature, avec les outils d’un « urbanisme tactique » qui favorise les boucles d’essais-erreurs et les ajustements continuels, celle-ci n’avait pas pour objectif de produire les conditions contrôlées de représentativité et de réplicabilité, contrairement aux initiatives expérimentales qui se sont multipliées ces dernières années dans de nombreuses villes dans le monde. En revanche, dans un geste proche des premières expérimentations de la science moderne, le déploiement des coronapistes a été mobilisé comme un instrument de démonstration qui a donné à voir la faisabilité d’une réalité urbaine dans laquelle la bicyclette est un moyen de transport à part entière.