L’expression burn-out est omniprésente dans le discours sur la souffrance au travail. Cet emballement sémantique mérite un examen d’autant plus approfondi que certains voudraient faire entrer ce "syndrome" assez flou dans la liste des maladies professionnelles. Il est désormais impossible d’échapper au mot "burn-out", lâché plusieurs fois par jour à la une des médias, sur Internet ou dans les conversations professionnelles ou privées. Il suffit toutefois de se mettre à l’écoute des différents acteurs de la santé au travail, qu’il s’agisse des responsables des ressources humaines ou des professionnels de santé, pour mesurer combien cette nouvelle tarte à la crème les désarçonne. A la cacophonie ambiante est venue s’ajouter une pression supplémentaire : la bataille d’opinion engagée par certains milieux syndicaux pour faire reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle n’affectant que des individus "surengagés" dans leur job. De sorte que le burn-out relève socialement aujourd’hui au moins autant du mythe, voire de la mystification, que de la psychopathologie du travail… Nous allons tenter d’explorer – voire de déconstruire – le mythe en revisitant trois idées reçues. Première idée reçue : le burn-out serait une "maladie", avec des causes, des symptômes, des thérapeutiques spécifiques. Deuxième idée reçue, cette pathologie concernerait exclusivement les personnes surinvesties dans leur travail. Enfin, troisième idée reçue, le burn-out relèverait uniquement et purement de l’activité de travail, ce qui justifierait sa reconnaissance comme "maladie professionnelle".