Aux Pays-Bas, un tiers des accouchements se font à domicile, et plus de la moitié à domicile ou en polyclinique, c'est-à-dire pratiquement sans utilisation de moyens techniques ; en France, 99,5% des accouchements se déroulent en milieu hospitalier sous la présence continue d'un important dispositif technique : monitoring des contractions et du cœur du bébé, perfusion, voire mesure automatique de la tension de la mère ou du pH sanguin de l'enfant. La manière dont la douleur est envisagée et éventuellement traitée diffère tout autant d'un pays à l'autre — l'analgésie péridurale, utilisée dans 70% des accouchements en France, ne l'est que dans 15% des accouchements néerlandais. Et les performances des deux pays en termes de mortalité et de morbidité périnatale sont tout à fait comparables. En cette fin de siècle où la tendance est plutôt à la prolifération des techniques dans le domaine médical, le contraste existant entre les deux pays ne pouvait manquer de susciter étonnement, curiosité et envie d'en savoir davantage. Dans ce livre basé sur une série d'entretiens menés dans les deux pays, les auteurs ont voulu comprendre ce que signifiaient en pratique ces différences statistiques : sont-elles superficielles ou traduisent-elles des différences profondes dans la manière d'envisager la naissance ? Supposent-elles des formes d'organisation contrastées d'un pays à l'autre ? Impliquent-elles des expériences de la naissance particulières ? Sont-elles associées à des différences significatives dans les relations entre les professionnels et les futurs parents ? Pour répondre à ces questions, les auteurs ont choisi trois points d'entrée qui font l'objet de débats en France comme aux Pays-Bas. Ces trois controverses qui prennent des formes spécifiques dans chaque pays concernent en premier lieu, les conditions nécessaires à la sécurité de la naissance, en second lieu, les pratiques de surveillance de la grossesse et de l'accouchement, et enfin, la place accordée à la douleur de l'accouchement et à son traitement éventuel.